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  • Photo du rédacteurCamille Pierret

Jaune ou Rouge ?




Vous vous êtes déjà demandé si c’était pas truqué un peu ces équipes dans Koh Lanta ? Comment voulez-vous me faire croire que des gens qui ne “se connaissaient pas avant” puissent en quelques jours avoir un tel esprit d’équipe et se faire des câlins de boue sans soucis (Les haptophobes vous même vous savez)...


Et comment ça se fait qu’après un épisode de 2h, j’imagine déjà depuis mon canapé quelle équipe j’aurai voulu intégrer et comment moi j’aurai réagis si j’étais à la place de Jean-Kévin ou Huguette ? Je suis même pas dans le jeu mais je suis trop contente quand mon équipe préférée gagne... Quelle est cette sorcellerie ? Qui a mis des drogues dans mon Perrier Citron ?


Et bien à vrai dire, ce n'est pas une question de magie ou de substance illicite, en fait c’est même carrément logique, parce que comme je le répète suffisamment souvent maintenant dans mes articles :

L’humain est un être........... social !





Quand on parle de social, et bien on parle du coup des autres humains qui accompagnent nos vies, des individus qui constituent notre environnement et les différents groupes sociaux d’appartenance ou de référence.


Et là vous allez peut-être me dire : Camille, ça fait un moment que t'en parle, mais c’est quoi un groupe social ? Et puis qu'elle est la différence entre groupe d’appartenance et groupe de référence ? On se réfère aux groupes auxquels on appartient non ? C’est eux qui font notre identité c’est pas ce que tu dis dans tes articles depuis le début ?!


Et je vous dirais : Alors déjà merci d’avoir lu mes articles de façon aussi assidue, et ensuite, ça tombe très bien que tu me poses pile-poil ces questions car ça va me permettre d’introduire le sujet du jour (Pratique !).



Alors oui, les groupes auxquels on appartient sont généralement pour nous des points de références dans le développement de notre identité. Mais si vous vous rappelez de l’article “Pourquoi les introvertis sont des êtres sociaux”, vous avez remarqué que j’ai évoqué le cas où on appartenait pas au groupe dit “de référence”. En quoi ça consiste ?


Et bien pour comprendre, partons du début !





Les groupes sociaux


Depuis le début de mes articles je vous parle souvent de groupe sociaux. Mais qu'est-ce que c'est exactement ?


Groupe social

Un groupe social c’est plus qu’un agglomérat d’individus, c’est un ensemble de personnes qui se rassemblent autour d’une valeur commune ou d’un but commun. Les individus d’un groupe social entretiennent des relations directes ou indirectes et possèdent certaines caractéristiques communes.


En sociologie on distingue principalement deux types de groupes sociaux : Les groupes primaires et les groupes secondaires.



Groupe primaire


Les groupes primaires sont la famille, les amis ou les groupes avec lesquels l'individu partage une relation directe, intime et à valeur émotionnelle avec ses membres.

Les groupes primaires sont essentiels dans la construction de l'individu et de son identité.



Groupe secondaire


Les groupes secondaires comprennent les groupes auxquels l'individu va s'inscrire de façon temporaire et impersonnelle, les groupes secondaires sont principalement fondés sur un objectif commun et une organisation donnée.




 

A noter : Les groupes secondaires peuvent avec le temps et les interactions devenir des groupes primaires.

Par exemple, un collègue de travail qui devient un époux, ou des copines de fac qui deviennent une famille (un seul de ces deux exemple est une histoire vraie).

Mais pour plus de détails et plutôt que de paraphraser, je vous invite à lire cet article sur les groupes primaires et secondaire.

 


Et dans Koh Lanta, les équipes Jaune et Rouge sont typiquement des groupes qui, de base, ne sont pas formés sur de l'intimité et des affinités mais principalement dans un but d'aller le plus loin possible dans l'aventure. Ce sont donc deux groupes secondaires.


Cependant, au bout de quelques temps et épreuves partagées, l'équipe se transforme en créant un cri de ralliement, une danse de la victoire, en se soutenant dans les difficultés et célébrant les victoires. Mais également, certains groupes (duos, trios, quatuors...) se forment au sein des équipes par rapport aux caractères de chacun et la bonne entente entre les individus.

Les groupes deviennent donc des groupes primaires. C'est à dire que les relations au sein du groupe ne se basent plus seulement sur les enjeux des épreuves mais en parti sur les affinités.


Après des fois y a pas d'affinités hein...


Relations de groupes : Coopération et Compétition


Koh Lanta est l'expérience télévisée qui illustre le mieux une expérience réalisée dans les années 50 et qui est à la base de beaucoup de théories sur les relations intergroupes.


 

L'expérience de la Caverne aux voleurs de Sherif (1961)

Non ça c'est la caverne aux merveilles !

Cette expérience avait pour objectif de comprendre comment se forment les relations intergroupes et les préjugés envers un groupe.


Dans un premier temps, 25 jeunes garçons sont sélectionnés pour intégrer une colonie de vacances, puis on les répartis en deux groupes.

Ces deux groupes sont alors soumis à des compétitions sportives fréquentes durant lesquels les chercheurs s'assurent qu'un des deux groupe soit souvent perdant, créant alors de façon naturelle une distinction entre groupe dominant/dominé.

Assez rapidement, les enfants donnent une identité à leur groupe, définissent un leader et développent des préjugés envers les membres de l'autre groupe.

Ces relations de compétition entre les deux groupes génèreront beaucoup de conflits intergroupes au fil de l'expérience.


Plusieurs méthodes sont testées pour faire diminuer les préjugés et conflits. Une seule méthode fonctionne pour rassembler les jeunes garçons et leur faire oublier leur appartenance à un de ces deux groupe : La coopération.


En créant un objectif commun (supra-ordonné) entre les groupes, ou une situation où la coopération entre les deux groupes est nécessaire, on observe une diminution des conflits et des préjugés.


Ainsi cette expérience montre qu'en créant arbitrairement des groupes qui doivent se battre pour des ressources limitées et où la victoire d'un des deux groupe signifie la perte de l'autre, la compétition intergroupe ainsi que la cohésion intragroupe se créent naturellement.


 

Mettez maintenant une vingtaine d'individus sur une île où les ressources sont limitées, où l'on instaure des compétitions entre deux groupes arbitrairement désignés et où la perte d'une épreuve signifie un désavantage pour les perdant et un avantage pour les gagnants....


Vous voyez où je veux en venir ?...




Groupe d'appartenance


En créant des groupes on créé la notion d'appartenance : Le groupe d'appartenance est le groupe auquel l’individu appartient. Les membres d’un groupe se définissent par leur appartenance à un groupe et la non-appartenance au groupe des personnes extérieures. (Jusque là je pense pas vous apprendre grand chose).



“Si t’es Jaune, t’es pas Rouge. Si je suis Jaune et que tu es Rouge tu n’es pas de mon groupe.”



La référence


Le groupe de référence est utile pour se créer une représentation des valeurs, des normes et des croyances de la société.

A partir du groupe de référence, l’individu va se former une représentation des codes à respecter pour s’intégrer à la société. Soit en les suivant si c’est un groupe de référence positif ou en les évitant si c’est un groupe de référence négatif.



Ce groupe de référence peut être le groupe auquel l’individu appartient… Ou pas.


Je rigole alors qu'en vrai je ferais pas mieux

“Les valeurs représentées par les Jaunes correspondent aux normes à suivre, ils sont plus solidaires et honnêtes, ils ont plus de candidats physiquement robustes avec un caractère solide c’est vraiment le meilleur groupe. Alors que les Rouges ils sont malhonnêtes et calculateurs, puis pas très sportifs...”. Dis-je affalée sur mon canapé en mangeant mes chips au poulet.




Et c’est là que la distinction ou non entre le groupe d’appartenance et le groupe de référence est intéressante.



Appartenance Vs Référence


Les êtres humains vont avoir tendance à se créer une identité positive comme l’a fabuleusement expliqué Maëlle avec ses étiquettes et moi même avec mes introvertis. Si le groupe de référence positif est différent de notre groupe d’appartenance, et bien différentes stratégies peuvent être mises en place en fonction du degré de menace que peut provoquer cette distinction sur l’identité de l’individu.


Intégration


On peut vouloir intégrer le groupe de référence par exemple.

Dans notre société on pourrait se le représenter par le fait de vouloir monter dans “l’échelle sociale”, par le travail, les études ou encore le mariage par exemple. (Je n’ai pas dit que c’était forcément de bonnes stratégies…).

Bibiddy babidi bye les prolos

Désidentification


Mais aussi, en fonction de notre identification de base à notre groupe, on peut chercher à se désidentifier de son groupe pour prendre les valeurs du groupe de références positives (ça marche aussi si on veut se détacher de notre groupe d’appartenance qui serait aussi un groupe de références négatives) sans mettre en danger son image positive.



“Non mais moi j’suis pas vraiment Rouge, en vrai j’suis Blanc, les Rouges ce sont mes pions parce que j’suis un méga stratège et que je vois déjà super loin…”





Donc pour résumer


  • Si : Groupe d’appartenance = Groupe de référence positif

L'identité est protégée, ok c’est cool la vie est belle.


  • Si : Groupe d’appartenance =/= Groupe de référence positif

ou Groupe d’appartenance = Groupe de référence négatif


Aïe, l’identité est en danger, faut que je fasse un truc non ?




Pour conclure


Dans la vie comme dans Koh-lanta, on ne choisit pas toujours les groupes sociaux auxquels on appartient et encore moins ceux qui nous sont attribués sur des critères arbitraires.



Dans notre société, les groupes de références sont principalement les groupes majoritaires/dominants. Ce qui fait que les personnes appartenant à des groupes minoritaires se voient bien souvent contraints d’adopter les codes et valeurs des groupes majoritaires, même si cela entre en contradiction avec leurs propres codes ou valeurs.


Les individus peuvent avoir tendance à se désidentifier de leur groupe minoritaire pour coller au groupe de référence et être mieux acceptés dans la société. (Ex : Les femmes qui vont dire que le sexisme n’existe pas afin de se démarquer auprès des hommes. “Moi je suis pas une femme comme les autres, je n’ai pas besoin du féminisme”...).



Mais la stratégie de désidentification n’est pas forcément viable sur le long terme pour l’individu, et encore moins pour les autres membres du groupe dévalorisé. En me détachant du groupe dominé et refusant ses valeurs je renforce le sentiment que ce groupe a des valeurs qui sont moins importantes/bien que celles du groupe dominant.


Alors je vous rassure, il n’y a pas que la désidentification comme stratégie pour protéger son identité. Dans l’article sur les étiquettes vous pourrez retrouver les stratégies identitaires que l’on peut mettre en place lorsque notre Estime de Soi est menacée.


Et dans un prochain article, je vous parlerais des stratégies concernant la menace de l’Identité Sociale en fonction de son degré d’identification et de la source de la menace.




Bonne lecture et surtout...





 

Sources

Branscombe, N. R., Ellemers, N., Spears, R., & Doosje, B. (1999). The context and content of social identity threat. Social identity: Context, commitment, content, 35-58.

Sherif, M., Harvey, O. J., White, B. J., Hood, W. R., & Sherif, C. W. (1961). Intergroup conflict and cooperation: The Robbers Cave experiment (Vol. 10). Norman, OK: University Book Exchange


Pour aller plus loin


Vidéo

Le singe sui baille. Groupes #1 - C'est quoi un groupe social ? - Psychologie Sociale.


Articles

Quels sont les groupes primaires et secondaires en sociologie?

https://www.greelane.com/fr/science-technologie-math%C3%A9matiques/sciences-sociales/primary-and-secondary-relationships-3026463/

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