top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurAriane Viguier

L’Humain un animal trop Attachiant

Est-ce que vous aussi les gens que vous aimez vous manquent quand ils sont loin ? Plus rare mais possible : Recherchez-vous parfois même des contacts avec certaines de ces personnes ?

Si vous correspondez à cette description j’ai le regret de vous dire que vous être attachés aux gens et franchement pas de bol !


Mais en fait d'où vient cette drôle d’idée de nous attacher Jammy ? Ici on ne parle pas de sentiment amoureux ou d’amitié mais bien d’attachement (genre la colle UHU).

L’animal Humain


Les premières études sur l’attachement sont basées sur l’observation animale. Le chercheur K. Lorenz, éthologue, a étudié le comportement des oiseaux. Après avoir assisté à l'éclosion d’un oisillon, il s’est rendu compte que le petit le suivait partout, le prenant pour sa mère. En réitérant l'expérience, il a pu analyser ce qu’il a appelé le phénomène de l’empreinte.

Ce processus d’attachement social s’organise dans une fenêtre temporelle critique : le bébé oiseau va s’attacher à la première personne en mouvement qu’il aperçoit. Si ce phénomène se produit sur une période très rapide, il perdure toutefois dans le temps, si bien que Lorenz s’est retrouvé avec une petite colonie d’oiseaux le suivant à la queue leu leu. Durant cette période, l’animal est prédisposé à effectuer des apprentissages et cette recherche de la proximité de ses parents lui permet d’observer, imiter et s'approprier les comportements adéquats à sa survie.


On peut citer aussi une étude expérimentale réalisée par Harlow. Celui-ci a observé le comportement de bébés singes placés dans des conditions d’isolement. Je vais décrire l'expérience qu’il a réalisé, mais je me permets de remarquer que si le respect du bien être animal n'était pas son principal souci (comme bien souvent dans ce genre d’étude), il avait pour ambition de défendre la vie émotionnelle des animaux. Le bébé singe a le choix entre deux cages. L’une des cages contient de la nourriture et l'autre une poupée-maman singe qu’il va considérer comme un substitut. Le bébé préfère alors bénéficier de la chaleur émotionnelle que lui procure la fausse maman singe et sacrifie sa nourriture en mettant sa santé en péril. Cette expérience a montré que le besoin de contact social et d’attachement à son caregiver était prédominant. Ces études sur les animaux ont donné des idées à des chercheurs qui ont compris que le comportement humain n’était pas si éloigné de celui des animaux.



La Théorie de l'Attachement

John Bowlby, en plus d’avoir un nom assez rigolo, a modélisé la première théorie sur l’attachement de l’humain. Il a pu observer que le bébé avait tendance à s'orienter instinctivement vers sa figure d'attachement. Il s’agit ici d’une véritable capacité innée du bébé qui est équipé de nombreux outils utilisés en réaction avec les stimulations environnementales qu’il perçoit, pour prévenir la personne qui s’occupe de lui. En observant ce comportement il a pu en déduire que c’était même un besoin primaire de l’enfant. Des études comme celle de R. Spitz ont pu montrer que sans cette relation, et bien que nourri et soigné, le bébé pouvait aller jusqu'à se laisser mourir.

Oui allô c’était pour dire que j’avais envie de graille et aussi j’aimerais bien que tu balances du son genre les petites marionnettes, et pk pas un petit calinou


A quoi sert la capacité d'attachement ?


Elle nous permet d’établir et de maintenir du contact avec nos proches et de se faire comprendre. On est ici sur les prémices de la socialisation basée sur les capacités d'interaction du bébé. De plus, ça nous permet aussi d’être protégé. En effet, les bébés humains sont parmi les êtres les plus fragiles du règne animal. Ce petit mollusque à l’odeur de caca ne sait même pas faire de sudoku à la naissance ! On dit que le bébé humain vient au monde en situation de néoténie (présentant des caractéristiques juvéniles de dépendance). Ce besoin d'attachement résulte donc d’une capacité d’adaptation de l'espèce pour parer à sa vulnérabilité.


Enfin, cette zone de protection, appelée base de sécurité, que déploie la figure d'attachement autour du bébé, va lui permettre de mettre en place des comportements d’exploration. Si le bébé perçoit intérieurement que la relation est sécurisante, cela va l’ancrer dans le monde et éveiller en lui le besoin d’aller explorer son petit univers.



Donc l'attachement est....


Sécurisant : Il se traduit par des comportements simples ou organisés qui ont pour but la recherche ou le maintien d’une proximité (physique ou affective) avec sa personne favorite : appeler la figure d'attachement ou le Care giver. Cette personne apporte le plus souvent soutien et réconfort, et va permettre de grandir en toute sécurité. Inscrit dans le temps : Cet attachement est issu et se développe à travers une rencontre dans le temps. Multiple : Même s' il existe une préférence incarnée par une personne ressource, si elle n’est pas disponible, l'enfant est en capacité de développer des liens “secondaires”. Les personnes identifiées par l’enfant se multiplient avec le temps et peuvent s’interchanger, mais les chercheurs insistent souvent sur l'impact de cette première relation.

Indépendant de sa qualité : Il est important de souligner que ce lien va se développer de manière si intuitive qu’il sera indépendant de la qualité des réponses reçues par l’enfant. Les études ont pu montrer que l'attachement se développe même dans des contextes de mauvais traitements.


Les travaux de M. Ainsworth se sont intéressés aux différents patterns d’attachement et leurs impacts psychologiques. Elle a observé que le processus d’attachement pouvait être variable selon la manière dont le care giver répondait aux besoins de l’enfant. En grandissant fort ou au contraire fragilisé de ses expériences passées avec son care giver, l’enfant va adopter des comportements plus ou moins ajustés dans cette relation. Sur la base de ses observations, elle déduit une classification des attachements et leurs impacts.


En psychologie on considère que les perturbations observées peuvent être analysées comme des possibles indices d’une relation pas assez sécurisante, à risque, voire pathologique. Ces perturbations peuvent avoir des conséquences néfastes dans des registres variés. Il est parfois important de soutenir la figure parentale dans ses interactions.

Ce que l’on peut retenir de ces études



> Premièrement, on comprend que cette capacité est loin d’être propre à l’espèce humaine. De nombreux animaux ont une capacité d’attachement tout aussi bouleversante que celle des humains.

> On réalise l’importance du besoin social chez l’être humain : Des nombreuses études partant de ces travaux ont pu montrer que l’attachement avait des effets notamment sur la gestion du stress, sur le plaisir, sur l’autonomie, la motivation ou encore sur la mémoire ….

> Elles ont aussi permis à l’époque de transformer la vision de bébé humain qui est plus qu'actif dans les relations avec son entourage et qui met énormément de choses en œuvre pour tisser des relations sécurisantes. Le nouveau-né n’est donc pas un être passif qui doit manger et dormir. On comprend ainsi l'impact que peuvent avoir les expériences précoces.



Les théories de l'attachement ont totalement bouleversées notre conception de l’humain et du soin psychique, pour reprendre les mots du psychologue A. Guedeney :


Peu de théories ont eu un tel impact et une telle capacité de stimuler la recherche, une telle valeur prédictive sur les aspects majeurs du comportement social et relationnel de l’enfant, une telle puissance d’explication des phénomènes de transmission entre générations, une telle capacité de remodeler la conception de la psychopathologie et une telle dynamique d’évolution”


Nous pourrons développer ce sujet dans d’autres articles pour expliquer les résultats des travaux d'Ainsworth. Nous pourrons aussi décrire les nombreux travaux qui se sont intéressés à la neurobiologie de l'attachement et tous les mécanismes sous-jacents impliqués.



 

Sources

> Dugravier, R. & Barbey-Mintz, A. (2015). Origines et concepts de la théorie de l’attachement. Enfances & Psy, 2(2), 14-22. https://doi.org/10.3917/ep.066.0014 > Lambert, N. & Lotstra, F. (2005). L'attachement. De Konrad Lorenz à Larry Young : de l'éthologie à la neurobiologie. Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, no 35(2), 83-97. https://doi.org/10.3917/ctf.035.0083 > Tereno, S., Soares, I., Martins, E., Sampaio, D. & Carlson, E. (2007). La théorie de l'attachement : son importance dans un contexte pédiatrique. Devenir, vol. 19(2), 151-188. https://doi.org/10.3917/dev.072.0151


Pour aller plus loin

>Konrad Lorenz, un héritage pour éveiller à la vie


> L'attachement, un lien vital : comment se construisent nos relations aux autres ? (2019) Sciences Humaines, (N°314)




Comments


Ancre art. Stéréotype
Ancre art Culture 1
bottom of page