La psychologie du Développement
La psychologie du développement est une approche qui étudie les changements de fonctionnement psychologique de l’individu tout au long de sa vie.
Histoire de cette dimension de la psychologie
Cette prise en compte du développement a pour socle la psychologie génétique qui date du 19ème siècle qui avait pour ambition de s'intéresser aux origines du comportements humain (la genèse).
Au 20ème siècle, on commence à s'intéresser à la psychologie de l’enfant. Avant cela, l'enfant était très peu considéré. Etymologiquement, l'enfant veut dire celui qui ne parle pas, car il ne sait pas parler ou n’y est pas autorisé. Dans l’Antiquité, on considère l’enfant comme un adulte miniature, il faut attendre les écrits de Rousseau en France qui défend l’idée d’un enfant attaché à sa mère et ayant des besoins d’exploration et d’apprentissage. On s'intéresse alors très progressivement aux moyens d’améliorer leurs conditions de vie et pour ce faire on commencera enfin à s'intéresser aux enfants en fonction de leur différents âges.
La Psychologie du Développement
Elle voit finalement le jour dans les années 70 et englobe ainsi les deux dimensions précédentes. Elle se penche sur l’étude des processus de pensée, des émotions et des comportements en prenant en compte les antécédents, les influences, les conséquences et les transformations tout au long de la vie.
Ce qu’il faut comprendre, c'est que la psychologie du développement valorise principalement la prise en compte du contexte ! Il est important de souligner l’aspect scientifique de ce domaine d’étude qui utilise des méthodes scientifiques exigeantes et une réflexion critique constante.
Point de vue méthodologique : Une approche scientifique
C’est une étude de l’individu à la fois descriptive et explicative : le but étant d’analyser les facteurs développementaux et leurs modes d'articulation.
Au début de la discipline, les chercheurs observaient d’ailleurs leur propres enfants mais cela posa très vite des problèmes d’objectivité et de représentation (nombre d’enfant trop réduit pour en tirer des généralités). Deux approches ont alors vu le jour afin de scientifiser au mieux ces observations :
> Approche quantitative : Pour correspondre à une rigueur scientifique statistique, il a donc fallu s'intéresser à des plus grands échantillons d'enfants.
> Approche qualitative : Par souci de déontologie a été abandonnée l’observation de ses propres enfants. L’observation fine et détaillée en partant sur des thématiques bien précises (exemple sur la construction d’une phrase) a été valorisée pour prendre la mesure des changements développementaux. Enfin, un autre aspect important qui a pu être soulevé est celui de la temporalité : observer dans la durée un même enfant à plusieurs moments de sa vie permet de comprendre des phénomènes possiblement rattachés à des facteurs cognitifs, sociaux et biologiques
Le Grand débat
Le développement de l’individu est influencé pas 3 grandes familles de facteurs (Cognitifs, Sociaux & Biologique). Deux mouvements théoriques ont pu s’affronter; entre les empiristes et le mouvement innéiste.
L’un défend une conception de l’enfant “ tabula rasa” (table rase) à la naissance qui n’est dépendant que des facteurs sociaux venant moduler son développement. L'autre défend une conception de l’enfant ayant des acquis innée près déterminés avant la naissance ( prés dominance des facteurs biologique). De nombreuses études ont été réalisées dans ce domaine sur des jumeaux (monozygote et dizygote / élevé dans le même environnement ou dans des environnement différents) pour analyser le plus finement ces différences possibles.
Aujourd'hui on sait que ce débat est caduque car les interactions entre environnement et biologie sont trop nombreuses et entrelacées.
Différentes Orientations
Beaucoup de modèles et de théories scientifiques situés dans des contextes socioculturel et politique se sont succédés et cohabitent dans cette orientation de la psychologie. On peut citer ici quelques modèles théoriques différents qui ont forgé cette orientation. Bien sûr, l'évolution et les ramifications de ces grands modèles sont nombreux et ne disparaissent pas à la mort des auteurs qui ont contribué à leurs créations.
L’orientation maturationniste de Gesell (1880-1961)
Selon cette approche, le développement suit un ordre immuable qui est déterminé par des facteurs interne et génétique. Le développement est ici considéré comme un phénomène de maturation physique et physiologique. On valorise ici les facteurs génétiques, au détriment de l'implication de l'environnement.
Gesell contribue à la création de tests d’observation chez les bébés définissant des normes étalonnées qui permettent de situer l’enfant dans son développement à un âge donné.
L'orientation psychanalytique de Freud (1856-1939)
Pour le courant psychanalytique, l’individu est façonné en priorité par ses expériences notamment les expériences primaires (prédominance de l’influence de l'environnement).
Freud considère que le développement de l’enfant peut se faire dans une lecture chronologique en passant par des stades prégénitaux (stades oral, anal et phallique) jusqu'à la puberté, avec le complexe d'Œdipe et la Latence entre ces deux.
Erikson consacre ses travaux au développement et à l'acquisition de l’identité du “Moi” qui passerait par des moments de crise marqués par des conflits "entre-deux" et d'opposition. L’identité du Moi désigne selon Erikson, le processus qui permet à la fois de s’accepter soi et d'accepter les caractéristiques de sa culture d'appartenance.
Winnicott accorde, lui, une grande importance à la relation du bébé avec sa mère. Il a notamment développé la notion de “holding” : c’est le soutien physique du bébé par son parent qui permet d’appréhender le monde et les éléments sensori-moteurs avec cohérence .
L'orientation béhavioriste de Watson (1878-1958) et Skinner (1904-1990)
Ce mouvement a étudié les comportements et leur fonctionnement. Il met l'accent sur l'interaction entre l'organisme et l'environnement en analysant exclusivement les données observables. En effet, le fonctionnement interne est pour eux inaccessible, ils le comparent à une boîte noire.
Ici, l'enfant est comme nous l’avons mentionné plus haut une Tabula rasa, il est passif et reçoit les apprentissages. Un des apports le plus célèbre de ce mouvement sont les études réalisées, les théories de l’apprentissage et le conditionnement.
L'orientation éthologique de Harlow (1905-1995) et Bowlby (1907-1990)
L'éthologie, c'est l'étude scientifique des comportements des espèces animales; en s'intéressant à la nature et au développement des processus cognitifs chez les animaux, dont l'Homme fait parti.
Dans ce courant, les chercheurs ont pu constater que le comportement humain était avant tout un comportement animal et qu’il pouvait - surtout pendant l’enfance lorsque le comportement est essentiellement non verbale- être étudié en s’inspirant des travaux réalisés sur le comportement animalier.
C'est ici que la théorie de l'attachement prend racine puisqu'elle est directement de celle sur les comportements d'attachement chez les animaux
L'orientation cognitivo-constructiviste de Piaget (1896-1980)
En opposition avec le mouvement béhavioriste, les chercheurs de ce courant vont s'intéresser au fonctionnement mental de l’individu (ce qu’il existe entre le stimulus et le comportement). Piaget va notamment s'intéresser aux processus qui expliquent le fonctionnement des apprentissages chez l’enfant.
L’enfant est ici considéré comme actif : il doit construire, intégrer, comprendre, imiter, répéter; stocker. Il définit ainsi plusieurs stade du développement cognitif : sensori-moteur/ préopératoire/ opération concrètes/ opération formelles …
Cette approche prend en compte les interactions avec l'environnement notamment ce qui va constituer un soutien pour l’enfant.
L'orientation psychosociale de Wallon (1879-1962)
Wallon a cherché à prendre en compte le développement de l’enfant dans une perspective encore plus large que la perspective Piagétienne. C’est pourquoi il décrit une approche intégrationniste entre les aspects cognitifs, affectifs, sociaux, émotionnels et les aspects de la personnalité de l’enfant.
Comme Piaget, il attache de l’importance à montrer que l'environnement est un enjeu majeur pour soutenir l’enfant dans ses potentiels. Cette influence de l'environnement est renforcée pour lui par le fait que l’enfant soit un être “génétiquement social”.
D'autres orientations
On peut citer les approches historico-culturelle soutenue par Vygotsky ou socio-constructive soutenue par Brunner en complément de ses approches, qui toutes deux soulignent le rôle de l’adulte dans le développement de l’enfant.
Pour vous donner une idée plus précise de ce que représente la psychologie du développement, on peut citer des thèmes de recherches courants tels que le développement des processus cognitifs, le développement des valeurs sociales, le développement de la motivation ou encore les effets des expériences précoces.
Aujourd'hui...
Même si la psychologie du développement se concentre énormément sur la période de la vie couvrant de l'anténatal (c'est-à-dire la période allant de la conception à la naissance de l'individu), de la petite enfance et jusqu'au passage à l'adolescence, elle ne s'en arrête pas là.
En effet, les chercheurs et psychologues de ce domaine de la psychologie travaillent avant tout sur les transitions tout au long de la vie, ce qui compte l'entrée dans le monde des adultes, la parentalité et le vieillissement comme des étapes de développement.
On comprend que...
> Tout d’abord que la psychologie du développement est une discipline contemporaine et qui continue de s’enrichir
> Il est important en psychologie du développement de ne pas laisser un domaine (biologique, social, cognitif) de côté , et donc de considérer l'individu comme le produit d’une interaction entre son environnement et sa maturation interne.